Le yield farming, ou “agriculture de rendement”, est une stratégie emblématique de la DeFi. L’idée est simple en apparence : placer ses cryptos dans différents protocoles (pools de liquidité, plateformes de prêt, programmes de staking) pour maximiser les rendements, souvent exprimés en APY (Annual Percentage Yield). En pratique, le yield farming peut devenir extrêmement complexe et risqué.
On peut le voir comme une extension avancée du staking crypto : au lieu de simplement verrouiller ses tokens sur une seule plateforme, on les fait “travailler” dans plusieurs protocoles, parfois en les réinvestissant automatiquement pour profiter des intérêts composés.
Les sources de rendement en DeFi
Avant de pratiquer le yield farming, il faut comprendre d’où viennent les rendements :
À lire aussi: Qu-est ce que le Yield Farming ?
• Frais de trading : en fournissant de la liquidité à des DEX comme Uniswap, vous touchez une part des frais de swap.
À lire aussi: Qu’est-ce que le Staking et Comment Générer des Revenus Passifs en Crypto
• Intérêts de prêts : en déposant des actifs sur des plateformes comme Aave ou Compound, vous percevez des intérêts payés par les emprunteurs.
À lire aussi: Les DAO d’Investissement : Quand les Communautés Gèrent des Fonds sur la Blockchain
• Émissions de tokens : certains protocoles distribuent un token de gouvernance aux utilisateurs en plus des frais ou intérêts, pour inciter l’adoption. C’est souvent ce qui explique des APY très élevés au lancement d’un protocole.
À lire aussi: Construire un Portefeuille Crypto Diversifié : Méthode et Exemple
Le yield farming consiste à combiner ces sources : par exemple, déposer des stablecoins sur une plateforme de prêt, recevoir un token représentant votre dépôt, puis déposer ce token dans un autre protocole qui verse des récompenses supplémentaires, etc.
À lire aussi: Les Assurances Crypto : Protéger ses Fonds sur Exchanges et Protocoles DeFi
Stratégies simples de yield farming
Pour un débutant, il est recommandé de commencer par des stratégies relativement simples :
• Fournir de la liquidité sur une paire stablecoin/stablecoin : cela réduit la volatilité et donc certains risques de pertes impermanentes, même si les rendements restent dépendants de l’activité du DEX.
• Déposer des stablecoins sur une plateforme de prêt reconnue : les rendements sont en général plus modestes, mais plus prévisibles, ce qui peut convenir à un profil prudent.
Dans tous les cas, il est important de bien choisir les plateformes, comme on choisit une crypto pour le staking dans l’article sur les critères de sélection : réputation, audits, durée d’existence, liquidité, etc.
Stratégies avancées et agrégateurs
Les stratégies avancées impliquent souvent plusieurs couches :
• Déposer des tokens dans un pool de liquidité, recevoir des LP tokens,
• Déposer ces LP tokens dans un “farm” qui verse des récompenses supplémentaires,
• Réinvestir automatiquement les récompenses pour augmenter la position de départ.
Des agrégateurs comme Yearn ou d’autres protocoles “auto-compounding” automatisent ces opérations. Ils analysent les rendements sur plusieurs plateformes et déplacent les fonds pour optimiser l’APY. Cette automatisation facilite la vie de l’utilisateur, mais ajoute une couche de smart contracts supplémentaires et donc de risques, comme rappelé dans l’article sur les risques du staking et du verrouillage.
Les risques du yield farming
Le yield farming n’est pas un “revenu passif facile”. Les principaux risques sont :
Risque de smart contract : chaque protocole supplémentaire est un maillon de plus dans la chaîne. Un bug, un exploit ou un rug pull peuvent entraîner une perte totale des fonds.
Risque de marché : si les tokens utilisés comme collatéral chutent fortement, vous pouvez être liquidé sur les plateformes de prêt. Cela rejoint les risques de volatilité évoqués dans les articles sur les stratégies d’investissement.
Risque de tokenomics : des APY très élevés peuvent n’être que temporaires. Le token de gouvernance distribué peut s’effondrer en prix, réduisant fortement le rendement réel.
Risque de frais : sur Ethereum mainnet, les frais de gas peuvent manger une partie significative du rendement si les montants engagés sont trop faibles.
Approche prudente du yield farming
Une approche raisonnable consiste à :
• Commencer avec une petite part de son portefeuille, pour comprendre le fonctionnement pratique.
• Privilégier des protocoles établis, avec audits et forte liquidité.
• Suivre régulièrement la performance, les APY, la santé générale du protocole et les annonces de gouvernance.
Enfin, il est essentiel de garder une trace précise de vos opérations, car elles auront des implications en matière de fiscalité. Les revenus de yield farming peuvent être imposables selon les législations locales. Pour la France, les bases réglementaires sont détaillées sur le site de l’administration fiscale : https://www.impots.gouv.fr.
Conclusion : un outil puissant mais exigeant
Le yield farming peut être un moyen efficace de mettre vos crypto-actifs au travail, à condition de bien comprendre les sources de rendement, les risques, et de ne pas sous-estimer la complexité des stratégies utilisées.
Plutôt que de courir après les APY les plus élevés, il est souvent plus pertinent de viser des rendements raisonnables sur des protocoles robustes, en complément d’un portefeuille long terme et de stratégies plus simples comme le staking ou le DCA.

