Parmi les nombreux projets qui ambitionnent de bâtir le métavers, trois noms reviennent souvent : Decentraland, The Sandbox et Axie Infinity. Tous s’appuient sur la blockchain, les NFTs et des cryptomonnaies natives pour créer des mondes virtuels dans lesquels les utilisateurs peuvent posséder des terrains, des objets et parfois gagner leur vie via des modèles play-to-earn.
Ces projets illustrent différentes approches du métavers Web3, en prolongement de la vision décrite dans l’article “Qu’est-ce que le métavers ?” et des applications blockchain.
Decentraland : la ville virtuelle décentralisée
Decentraland est un monde virtuel en 3D, divisé en parcelles de terrain (LAND), chacune représentée par un NFT sur la blockchain Ethereum. Les utilisateurs peuvent :
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• Acheter et vendre des terrains : sur des marketplaces comme OpenSea ou la marketplace interne.
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• Construire des scènes : galeries d’art, salles de conférence, boutiques virtuelles, événements.
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• Participer à la gouvernance : via le token MANA et une DAO qui décide de l’évolution du monde.
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Decentraland se veut une sorte de “ville numérique” gérée par ses habitants, où les NFTs jouent le rôle de titres de propriété. L’expérience graphique reste simple comparée à des jeux AAA, mais le focus est sur la propriété et la gouvernance décentralisée.
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The Sandbox : un métavers orienté gaming et création
The Sandbox adopte une approche plus ludique et “voxelisée” (style Minecraft). Le monde est découpé en terrains (LAND) eux aussi sous forme de NFTs, que les marques, artistes et joueurs peuvent acquérir pour y construire des expériences.
Fonctionnalités clés :
• Outils de création : VoxEdit et Game Maker permettent de créer des objets et des jeux sans coder.
• Économie interne : le token SAND sert de monnaie pour acheter des terrains, des objets, payer des services.
• Partenariats : de nombreuses marques et artistes ont acquis des terrains pour organiser des événements, expositions, mini-jeux.
The Sandbox mise sur la créativité des utilisateurs et l’intégration de marques Web2 dans un univers Web3, avec une forte dimension communautaire et marketing.
Axie Infinity : du jeu play-to-earn au rééquilibrage
Axie Infinity a popularisé le modèle play-to-earn : les joueurs achètent des créatures (Axies) sous forme de NFTs, puis les utilisent dans des combats pour gagner des tokens. Ces tokens pouvaient ensuite être revendus sur des exchanges, créant une source de revenus pour certains joueurs, notamment dans des pays émergents.
Toutefois, le modèle a montré ses limites :
• Pression inflationniste : trop de tokens émis, moins de nouveaux joueurs entrants.
• Dépendance à la spéculation : les rendements du play-to-earn reposaient en grande partie sur l’arrivée de nouveaux joueurs, ce qui a rappelé certains schémas de bulles décrits dans les articles sur les cycles de marché.
Axie Infinity travaille depuis à rééquilibrer son économie, preuve que ces modèles sont encore expérimentaux et fragiles.
Points communs et différences
Points communs :
• Propriété via NFTs : terrains, objets, avatars sont tokenisés.
• Monnaies natives : MANA, SAND, AXS/SLP servent de moyens de paiement et parfois de tokens de gouvernance.
• Économie ouverte : échanges sur des DEX et marketplaces externes.
Différences :
• Positionnement : ville virtuelle (Decentraland), terrain de jeu créatif (The Sandbox), jeu de combat/play-to-earn (Axie).
• Qualité graphique et UX : styles artistiques et niveaux de finition différents.
• Structure économique : reliance plus ou moins forte à la spéculation sur les tokens.
Risques et limites de ces mondes virtuels
Comme tout projet Web3, ces mondes comportent des risques :
• Volatilité des tokens : chutes de prix possibles pour MANA, SAND, AXS, avec impact sur la valeur des terrains et objets.
• Adoption réelle : nombre d’utilisateurs actifs parfois très inférieur aux chiffres mis en avant lors des bull markets.
• Sécurité : attaques possibles sur des bridges ou des smart contracts, comme l’a tristement montré le hack du bridge Ronin lié à Axie.
Ces risques rappellent l’importance de diversifier ses investissements et de ne pas confondre usage ludique et investissement patrimonial, comme on le répète pour d’autres cryptomonnaies et protocoles DeFi.
Régulation et fiscalité des actifs virtuels
Les terrains virtuels et objets de jeu étant des NFTs, ils entrent dans la catégorie des actifs numériques dans de nombreux pays. En France, les gains réalisés lors de la vente de ces actifs peuvent être imposables, comme les autres cryptos, selon le cadre décrit dans l’article sur la fiscalité crypto France.
Les autorités financières publient aussi des rapports sur les risques liés aux jeux play-to-earn, au blanchiment et à la protection des consommateurs. Pour une perspective macro, les analyses de la Banque des Règlements Internationaux consultables sur https://www.bis.org apportent un éclairage intéressant.
Conclusion : laboratoires du métavers
Decentraland, The Sandbox et Axie Infinity peuvent être vus comme des “laboratoires” du métavers crypto : ils expérimentent différents modèles d’économie virtuelle, de gouvernance et d’engagement communautaire.
Il est encore trop tôt pour dire lesquels survivront ou deviendront dominants. Mais pour les investisseurs comme pour les joueurs, il est crucial de garder un regard critique : distinguer l’usage réel de l’effet de mode, comprendre les modèles économiques, et garder en tête que derrière les beaux visuels se cachent des technologies et des risques très concrets.
