Si vous avez déjà essayé d’acheter un NFT, de participer à une ICO ou d’utiliser un protocole DeFi sur Ethereum en période de forte activité, vous avez probablement été surpris — voire choqué — par le montant des “gas fees”. Payer parfois plusieurs dizaines d’euros de frais pour une transaction peut sembler incompréhensible pour un nouveau venu.
Pourtant, ces frais ne sont ni arbitraires ni prélevés par une entreprise centrale : ils reflètent la manière dont les ressources de la blockchain sont allouées et la demande d’utilisation du réseau. Dans cet article, nous allons expliquer comment fonctionnent les gas fees, pourquoi ils peuvent monter si haut, et quelles solutions existent pour les réduire, notamment via des stratégies d’optimisation ou l’utilisation de layers 2 comme celles décrites dans l’article sur les applications blockchain.
Qu’est-ce que le “gas” sur Ethereum ?
Sur Ethereum, chaque opération effectuée par un smart contract consomme des ressources : lecture ou écriture de données, calculs, vérification de signatures, etc. Pour éviter les abus (comme des boucles infinies) et rémunérer les validateurs, le protocole introduit la notion de “gas”.
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Le gas est une unité de mesure abstraite : une simple transaction de transfert d’ETH consomme un certain nombre de gas, un appel à un contrat complexe en consomme beaucoup plus. Lorsque vous envoyez une transaction, vous fixez une limite de gas maximale et un “prix du gas” (en gwei, fraction d’ETH) que vous êtes prêt à payer pour chaque unité de gas.
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Le coût total de la transaction est donc : gas utilisé × prix du gas.
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Pourquoi les prix du gas varient-ils ?
Le prix du gas est déterminé par le marché, en fonction de l’offre et de la demande d’espace dans les blocs. Les validateurs (depuis le passage au Proof of Stake) choisissent quelles transactions inclure en priorité : celles qui paient le plus de frais sont traitées en premier.
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Lorsque le réseau est peu utilisé, le prix du gas peut être très bas, rendant les transactions presque insignifiantes en termes de coût. En revanche, lors de périodes de forte activité (lancement de collections NFT, bull market DeFi), des milliers d’utilisateurs essaient de faire passer leurs transactions en même temps. Ils augmentent alors le prix du gas proposé pour être prioritaires, ce qui entraîne une augmentation générale.
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EIP-1559 et la notion de “base fee”
Avant la mise à jour EIP-1559, le mécanisme de frais d’Ethereum reposait sur des enchères pures. Depuis son introduction, une partie du système a été automatisée : chaque bloc contient une “base fee” (frais de base) déterminée par le protocole en fonction de la congestion récente. Les utilisateurs ajoutent une “tip” (pourboire) pour inciter les validateurs à les inclure plus vite.
La base fee est brûlée : elle est retirée de la circulation, ce qui contribue à réduire, voire neutraliser, l’inflation d’ETH lorsque l’activité est soutenue. La tip va aux validateurs. Ce mécanisme rend les frais plus prévisibles, mais n’empêche pas les montées de prix en cas de forte demande.
Complexité des smart contracts et consommation de gas
Plus un smart contract effectue d’opérations, plus il consomme de gas. Une simple transaction de transfert d’ETH consomme en général 21 000 gas. Un swap sur un DEX comme Uniswap peut consommer plusieurs centaines de milliers de gas, selon la logique du contrat et le nombre d’étapes nécessaires.
Les développeurs ont donc intérêt à optimiser leur code pour réduire la consommation de gas : limiter les écritures dans le stockage, éviter des boucles sur de grandes listes, mutualiser certaines opérations, etc. Du point de vue de l’utilisateur, choisir des protocoles bien conçus peut faire une vraie différence sur la facture finale.
Impact du prix de l’ETH
Le coût réel des gas fees dépend aussi du prix de l’ETH lui-même. Payer 100 000 gas à 30 gwei a un coût très différent si l’ETH vaut 100 € ou 3 000 €. Lors des bull markets, la hausse du cours de l’ETH amplifie donc la perception des frais : même avec un prix du gas modéré, la conversion en euros ou en dollars peut donner des montants importants.
C’est un point crucial à prendre en compte dans les stratégies d’investissement ou de staking : les rendements affichés ne tiennent pas toujours compte des frais de transaction nécessaires pour déposer, retirer ou rééquilibrer ses positions.
Comment réduire ses gas fees au quotidien ?
Plusieurs bonnes pratiques permettent de réduire l’impact des gas fees :
• Choisir le bon moment : les frais sont souvent plus bas la nuit (heure européenne) ou le week-end. Certains portefeuilles affichent des estimations en temps réel.
• Utiliser des layers 2 : des solutions comme Arbitrum, Optimism ou Polygon permettent de réaliser des transactions à coûts beaucoup plus faibles, tout en bénéficiant de la sécurité d’Ethereum, comme expliqué dans l’article sur les rollups.
• Regrouper les opérations : plutôt que de faire de nombreuses petites transactions, il peut être plus rentable d’en faire moins, mais plus significatives, lorsque c’est possible.
• Vérifier les paramètres de gas : éviter de surpayer en utilisant des outils qui suggèrent un prix raisonnable en fonction de la congestion actuelle.
Les rollups et la promesse de frais plus bas
Les rollups (Optimistic ou ZK) constituent une des solutions phares de la feuille de route d’Ethereum pour améliorer la scalabilité et réduire les frais, comme détaillé dans les analyses sur le Web3. Ils exécutent les transactions hors de la chaîne principale, puis publient des preuves ou des données résumées sur Ethereum.
Cela permet d’amortir les coûts de publication sur un grand nombre de transactions, réduisant ainsi le coût par utilisateur. À terme, une grande partie de l’activité pourrait migrer sur ces solutions de layer 2, laissant la couche de base jouer un rôle de règlement et de sécurité.
Conclusion : un coût lié à la sécurité et à la demande
Les gas fees élevés sur Ethereum ne sont pas un bug, mais le résultat d’un système où la capacité est limitée et où l’espace dans les blocs est alloué à ceux qui payent le plus. Ils reflètent à la fois la forte demande pour utiliser l’écosystème Ethereum et les contraintes actuelles de scalabilité.
La transition vers le Proof of Stake, les améliorations apportées par EIP-1559 et le développement accéléré des layers 2 visent à rendre l’expérience utilisateur plus fluide. Pour suivre l’évolution technique et économique d’Ethereum, la documentation officielle et les articles pédagogiques disponibles sur https://ethereum.org sont une ressource de référence.
