La fiscalité des cryptomonnaies en France a connu des évolutions majeures ces dernières années. Depuis la loi PACTE de 2019, le cadre fiscal s’est progressivement clarifié, offrant aux investisseurs une meilleure lisibilité sur leurs obligations déclaratives. Comprendre comment déclarer correctement ses gains en cryptomonnaies est devenu indispensable pour éviter les sanctions fiscales.
En 2025, le régime fiscal français applique le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% sur les plus-values réalisées lors de la cession de cryptomonnaies contre des euros ou toute autre monnaie ayant cours légal. Ce taux englobe 12,8% d’impôt sur le revenu et 17,2% de prélèvements sociaux.
Le cadre fiscal des cryptomonnaies en France
Contrairement à une idée reçue, toutes les opérations crypto ne sont pas imposables. La fiscalité française distingue deux situations principales : les cessions occasionnelles et l’activité habituelle de trading.
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Pour les particuliers réalisant des opérations occasionnelles, le régime des Bénéfices Non Commerciaux (BNC) avec le prélèvement forfaitaire unique s’applique. En revanche, si vous effectuez des transactions répétées avec une organisation professionnelle (matériel dédié, formation spécialisée, temps significatif consacré), l’administration fiscale peut requalifier votre activité en professionnelle, ce qui modifie substantiellement votre régime d’imposition.
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Il est important de noter qu’un échange de cryptomonnaies entre elles (par exemple Bitcoin contre Ethereum) ne déclenche pas d’imposition immédiate. L’événement fiscal intervient uniquement lors de la conversion en monnaie fiat (euros, dollars, etc.).
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Calcul de la plus-value imposable
Le calcul de la plus-value suit une méthode précise établie par l’administration fiscale. La formule prend en compte le prix moyen pondéré d’acquisition de l’ensemble de vos cryptomonnaies, et non pas le prix d’achat spécifique des tokens vendus.
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Concrètement, voici la méthode de calcul : Plus-value = Prix de cession – (Prix total d’acquisition × Prix de cession / Valeur globale du portefeuille). Cette approche par le prix moyen pondéré peut sembler complexe, mais elle permet de lisser les variations d’achat dans le temps.
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Prenons un exemple concret : vous avez acheté 0,5 BTC à 20 000€ puis 0,5 BTC à 30 000€. Votre prix moyen pondéré est donc de 25 000€ par BTC. Si vous vendez 0,5 BTC à 35 000€, votre plus-value imposable sera de 35 000€ – (25 000€ × 0,5) = 22 500€, soit une imposition de 6 750€ (30%).
Le formulaire 2086 : déclaration obligatoire
Le formulaire 2086 (cerfa n°11916) est le document officiel à compléter pour déclarer vos plus-values de cession de cryptomonnaies. Ce formulaire doit être joint à votre déclaration de revenus annuelle (formulaire 2042).
Le formulaire requiert plusieurs informations essentielles : le prix total de cession (montant en euros de votre vente), le prix total d’acquisition (valeur d’achat de vos cryptos), le prix moyen pondéré d’acquisition, et le montant de la plus-value ou moins-value réalisée.
L’administration fiscale a considérablement simplifié la procédure depuis 2020. Vous n’êtes plus tenu de fournir le détail transaction par transaction, mais vous devez néanmoins conserver tous les justificatifs (relevés d’opérations, factures, contrats) pendant au moins 3 ans en cas de contrôle fiscal.
Cas particuliers et exemptions
Certaines situations bénéficient d’un traitement fiscal spécifique. Les cessions dont le montant total annuel ne dépasse pas 305€ sont exonérées d’impôt. Cette exonération s’applique au total de vos ventes sur l’année civile, pas transaction par transaction.
Le minage de cryptomonnaies relève d’un régime fiscal différent. Si vous minez de manière occasionnelle, les tokens minés sont considérés comme des BNC et imposés selon le barème progressif de l’impôt sur le revenu (et non au PFU de 30%). Si le minage constitue une activité professionnelle, il relève du régime des Bénéfices Industriels et Commerciaux (BIC).
Les airdrops et autres distributions gratuites de tokens posent question. La position de l’administration fiscale évolue, mais actuellement, ces tokens sont généralement imposables au moment de leur cession, sur la base d’un prix d’acquisition nul, ce qui signifie que l’intégralité du montant de vente constitue une plus-value imposable.
Obligations déclaratives complémentaires
Au-delà du formulaire 2086, les résidents fiscaux français ont une obligation déclarative supplémentaire depuis 2019 : le formulaire 3916-bis doit être complété si vous détenez des comptes sur des plateformes d’échange de cryptomonnaies situées à l’étranger.
Cette obligation s’applique même si vous n’avez réalisé aucune transaction dans l’année. Vous devez déclarer l’ouverture, la détention et la clôture de ces comptes. L’absence de déclaration peut entraîner une amende de 750€ par compte non déclaré.
Conclusion
La fiscalité des cryptomonnaies en France, bien que clarifiée depuis la loi PACTE de 2019, nécessite rigueur et organisation. Le taux forfaitaire unique de 30% s’applique à la majorité des investisseurs particuliers, avec une méthode de calcul basée sur le prix moyen pondéré d’acquisition.
Points essentiels à retenir : toute vente de crypto contre euros déclenche une imposition potentielle, les échanges crypto-to-crypto ne sont pas imposables immédiatement, le formulaire 2086 doit impérativement accompagner votre déclaration annuelle, et la conservation de tous vos justificatifs pendant au moins 3 ans est indispensable.
Cet article est fourni à titre informatif et ne constitue pas un conseil fiscal personnalisé. Consultez un expert-comptable pour des conseils adaptés à votre situation.
